Une bouteille à la mer.
Parce que cet emplacement de sable aux frontières invisibles est comme la cage dorée dans laquelle tu m'as enfermée. La case de l'intouchable.
L'île d'un autre.
Sans même penser que je pourrais n'être que mon unique territoire.
Je suis celle qui, de vin, s'ennivre pour ravaler ses envies.
Mes désirs font désordre.
Il aurait fallu que, tel un devin, tu saches lire mes pensées. Elles sont si éloignées de celles que tu me prêtes, de l'image que je dois donner, de ce rôle. Oui, lire mes pensées et qu'en toi le devin s'encanaille. Si tu savais... Le dernier devin s'engageant à réussir à me décoder vint s'enrichir au-delà de ses souhaits.
Parce qu'entre toi et moi, il y a les grains iodés, les autres et les toiles.
Entre toi et moi, il y a un grand vide, presque le néant. Si n'existaient pas les quelques mots échangés pour bousculer l'absolu.
Entre toi et moi, il y a le soleil et la chaleur. Ils nous caressent en même temps, j'aime à penser que d'une certaine façon, ils nous relient.
Parce qu'entre toi et moi, il y a cette incompréhensible distance qui semble s'être naturellement imposée. Un fossé qui me semble possiblement insurmontable.
Mais... entre toi et moi, il y a aussi et surtout cette tension. Délicieusement palpable. Celle qui naît des regards en coin aussi discrets que possible mais qui ne trompent pas. Un peu comme un secret inavouable à la fois trop présent et dramatiquement inexistant.
Entre le trop et le trop peu.
Allez, viens sans peur. S'il te plait ouvre mon carcan. Laisse-moi colorer ta vie. Le reste et les autres, on s'en fout.
Attirer ton attention, j'essayerai encore et encore, sûrement en vain, sans arrêter d'espérer.