Le BeauTaniste
Elle se sentait Fleur.
De celles que l'on n'a pas encore cueilli.
De celles qui viennent à peine d'éclore,
persuadées de leur immortalité,
ignorant encore le Grand Cycle.
Elle se sentait Fleur.
De celles dont les couleurs des pétales intouchés saturent la rétine.
De celles qui vibrent fort par leur pouvoir de vie,
Qui parfument joyeusement le monde pour le rendre aussi joli que possible.
Elle se sentait Fleur.
Plus accessible qu'une Déesse
mais bien aussi belle.
Plus fragile qu'une Reine
mais bien aussi rayonnante.
Oui, elle se sentait LA Fleur.
Portée vers les cieux, tout en haut, par une solide branche.
Une branche parsemée de tes feuilles.
Tu sais,
c'est grace à ces feuilles-là que la plante peut vivre et grandir.
Via ces feuilles-ci qu'elle peut se nourrir de lumière.
Et c'est sur ces mêmes feuilles que tu lui écris.
La lumière de tes lettres,
voilà ce qui permet à cette fleur de s'épanouir.
La beauté de tes mots,
voilà ce qui donne à cette fleur l'envie
de s'orner de ses couleurs.
Parce qu'ici, tu sais,
les fleurs, on leur marche dessus.
Au mieux, on les cueille.
On les met en vase.
On les laisse prendre la poussière,
jusqu'à ce qu'elles sèchent ou fânent.
Mais toi, tu as tout compris.
Toi tu la rends Fleur.
Elle se sent unique arrosée de ton encre.
Dorée et adorée.
Une fleur si rare et si précieuse,
c'est un futur fruit offert.