Elle semble vouloir se colorer la vie d’une nuance qui n’existe pas. Moi je pense qu’elle se décompose en trompe-l’œil, en vitrail découpé.
Parfois, un instant, on dirait qu’elle l’a trouvé, son précieux ton, et puis, soudain, elle déchante pâle, la palette pèche, saturation trop pastel, la teinte est terne et la tonalité non-adaptée.
Aucune perspective, esquisse décevante. Nouvelle croûte.
Alors elle s’expose aux traumatismes chromatiques. Elle se dilue lavis en polychromie. Se grave le vernis d’un croquis de plus.
Elle dit qu’elle la sent, au fond d’elle, la couleur exacte dont elle a besoin mais qu’elle ne peut pas me la décrire. Elle sèche. Elle pense qu’aussi puissants soient les mots, il n’en existe aucun d’assez clair-obscur et contrasté pour décrire son vœux monochrome.
Elle dit que les mots sont daltoniens. Que d’essayer de me dépeindre son souhait serait le détremper aquarelle.
Qu’à défaut de peintre à la hauteur, son spectre est transparent.
Je lui ai assuré, pourtant, comme elle est un prisme, qu’elle porte en elle l’éventail arc-en-ciel. Dans son décor, sa couleur s’y trouve forcément. Son rayonnement est infini, ce qu’elle cherche, elle en est enduite déjà, à l’intérieur.
Mais ça ne lui suffit pas.
Elle pense qu’elle est un nuancier, une galerie de tous les aplats rencontrés dans sa vie, mais qu’il en manque forcément une à sa fresque.
Alors je la regarde, impuissante, s’éparpiller les pigments primaires, passer d’un châssis à l’autre, nager dans le flou artistique de l’impressionnisme.