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La chute 2 : …L’apesanteur.

 

Suite du texte "La Chute",
http://www.cokecinl.com/pages/ecrits/la-chute.html

La chute 2 : …L’apesanteur.

Cette fois, il n’existait pas de dilemme. Elle n’était pas pour autant sûre d’en ressortir indemne mais ça lui allait. Elle se sentait prête.

Et lui, lui, il savait, il avait su dès le début, naturellement. Sans fioriture.
C’était bien la première fois qu’en elle tout était ok, elle était sur sa propre même longueur d’onde. Et sur la sienne à lui.
Leurs ondes à la même teneur.

Il ressemblait à la récompense de toutes les difficultés surmontées.

Pour la première fois, la seule mésentente entre ses deux mains était laquelle le caresserait le mieux.
Son cerveau, un peu perturbé de nouveauté, ne pouvait qu’acquiescer.
Sa raison laissait champ libre.
Les frissons célébraient.
Aucune trace de peur aux cheveux dressés, il avait su dompter sa crinière avec douceur.
Sa volonté, apaisée, avait enfin pu lâcher les armes si lourdes qui l’écrasaient.
Leurs folies dialoguaient, éclataient de mille éclats de rires complices.
Son cœur rendu insouciant barbotait dans une mélasse d’euphorie.
Quelques neurones récalcitrants essayaient çà et là de lancer l’alerte du « pas-normal » mais personne ne les écoutait. Les autres se reposaient de toute leur synapse sur l’avis cardiaque.
Pour une fois.

Et puis quoi ? Tout est cycle, elle le savait, c’était amplement assimilé. Et alors ?

On accepte ou on ne vit pas.

Elle avait choisi la vie.
Accepter une énième fêlure potentielle. Celle-ci n’était pas d’actualité et la vie c’était maintenant.
Avec Lui.
Entièrement.
Sans division.

Pas de choix douloureux à faire depuis qu’elle s’était rendue compte qu’une graine avait été plantée en elle. Un peu à son insu.
Elle ne savait pas bien ce qui poussait partout, là.
Partout et vite.
Dans son dedans, dans ses sentiments, dans son ventre. Mais ça lui plaisait de regarder éclore toutes ces jolies fleurs. Des mellifères accompagnées de leurs papillons.

Quand même, parfois elle se demandait bien où se cachait l’ombre. Où se planquait la peur. Celle qu’elle connait bien et qui est normalement ancrée un peu partout. Elle avait beau se tâter, la chercher, fouiller ses organes, passer en revu chacun de ses membres, aucune trace…
Il ne trouvait que du chamallow au rose saturé.
Celui qui ne demande même pas de courage, pas de bataille, celui qui juste « Est ».

Celui qui s’impose comme sauvage.
Le naturel remplaçait la lâcheté.
Alors tout paraissait soudain limpide. Fluide.
Qu’importait le médium, en face, en virtuel, à l’oral, par écrit, il ne faisait qu’étinceler une pluie d’amour.
De celle qui étanche la soif sans discontinuer.

Ils étaient là, dans leur danse dégoulinante de niaiserie, les zygomatiques étirées, et ils s’en foutaient. Pire, ils savaient le ridicule et s’en amusaient. Ils se dégustaient loin du reste. Repas gnan à partager à l’abri du monde, dans le cocon d’eux.

Elle ne pensait pas rejouer un jour à la marelle.
Pourtant elle se retrouvait bloquée sur la case du ciel. Eloignée des questionnements tarabiscotés du bas monde. Tout n’avait jamais été autant à sa place. L’inquiétude n’avait pas la sienne.
De toute sa volonté statufiée des rayons du Un Deux Trois Soleil. Elle n’avait plus qu’à se lo(u)ver dans sa tatanière.
Le funambulisme n’était plus d’actualité, si elle titubait, c’était bel et bien d’ivresse.

Il avait su lui prouver avec une étonnante facilité comme la vulnérabilité pouvait être simple.
Avant, la vulnérabilité, c’était sa peur ultime et elle pensait que jamais elle aurait le courage de s’y frotter.
Pour elle, à peine la frôler était synonyme de nouvelle inéluctable cicatrice. Elle n’en pouvait plus de cette collection. Son corps fatiguait de gérer ses plaies.

Elle les appréciait, les hommes, quand même. Mais enlever la couche textile, c’était déjà bien trop approcher ses fragilités. Jamais elle n’avait su lâcher prise assez fort en vulnérabilité.

Effrayée par l’approche du violent atterrissage d’après chute, elle se débattait plus qu’elle ne s’ébattait.

Mais Lui… Il lui dévoilait l’apesanteur.
Comme si chaque chute d’avant avait été le fil d’Ariane pour appréhender leur contraire. Pour apprendre à voler à côté de lui.
Elle apprenait la volute du nombre d’or différemment :
elle la suivait en ascendance !

Pas de place à trouver, elle était partout. Pas de case étouffante, ils cabriolaient hilares.
Il l’expansait.

Quand avant on lui faisait aimer plus fort ses chansons préférées, Lui avait su en créer une nouvelle, une qui sonnait en lalalou rayonnant.

Pour une fois, les chatouilles ventrales ne fluctuaient pas. Le manège ne ressemblait plus aux montagnes russes mais en une balade en montgolfière multicolore. Dans la chaleur, poussés par Archimède.

Plus besoin de creuser ailleurs, dans les anciennes vies, rien à chercher d’autre que de jouir de l’instant. Profiter de la brume protectrice de leur joli tel quel.

Parfois ils se manquaient, bien sûr. Mais quand ils étaient éloignés, ils arrivaient à alchimiser le vide en ludique. Ils savaient comme l’un ou l’autre finirait par retourner l’univers, sur un coup de tête, en sorte de se retrouver vite.
Exit le jeu d’échec, plus de faux semblant, aucun ne fuyait. Alors aucun ne courait à en perdre haleine, abandonnant son ego sur le bas-côté.
Ils se respectaient mutuellement l’ego.
Elle trouvait ça sucrément perturbant, tellement éloigné de ses pseudos théories.

Avant lui, elle était floue et éparpillée. Elle l’assumait, presque ça lui allait.
Elle se disait qu’un jour elle trouverait bien assez de force et de courage pour y travailler dur et se réintégrer.
Voilà qu’à son contact, tout avait basculé.
Il était si entier, si vrai, il l’avait aimé si fort soudain et sans filtre qu’il avait su en à peine quelques jours lui rendre son intégralité. Sans même le savoir. Juste en existant.

Elle avait roulé sa bosse, un peu trop. Mais ça avait eu le mérite de lui montrer comme il était différent.
Loin au-dessus.
Au bout du nombre d’or, tout là-haut.
Un Everest qu’il grimpait aisément, mine de rien, les mains dans les poches, peinard.
Sans même se rendre compte de l’exploit.

De manière inconsciente, il s’était nonchalamment imposé.
La clope au bec, il l’avait désarmée.
Sans bousculade.
Elle ne voulait tellement plus qu’on la bouscule, elle était fatiguée qu’on la pétrifie, elle ne souhaitait plus suffoquer.
Avant, elle pensait qu’en tout ça résidait l’extrême de la vie, qu’il fallait passer un minimum par la violence.
Elle avait tellement tort.
Rarement elle n’avait croisé homme aussi sensible. Pourtant, jamais elle n’avait connu si intense.
La voilà rendue apprivoisée, le monde intérieur apaisé.
Le nicotiné lui réapprenait à respirer à plein poumon… Un comble.

Aujourd’hui, à la place d’attendre, elle rit.
A la place d’espérer, elle profite.
A la place de guerroyer, elle embrasse.
Il la voit sans même qu’elle ait à se mettre sous la lumière.

C’est soudain, c’est impromptu, c’est inespéré, c’est tout nouveau.
Ô combien magique et doux.

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