ARTiCHAUD
Abigail pense que son cœur est malade.
Il déborde. Trop. Trop souvent.
Parfois tellement douloureusement qu’elle le sent dans son ventre.
Mais passer par-dessus ses bords d’elle, pour tous autour, amène le bordel.
Alors, Abigail se cache, déborde et ment. A chaque débordement, elle ajoute deux nouvelles feuilles autour de son cœur : une pour se cacher de tous autour et une pour se protéger.
Abigail pense que se murer est un art. Son armure, assez fine esquisse, la protège du trop-plein. Mais elle laisse bien assez ses orages passer. A ses exquises joies et ses feux d’artifices insolents.
Sans eux, elle trouverait la vie moins colorée.
Parce qu’ Abigail les aime, ses bêtises, elle est amoureuse de ses bonbons de vie. Malgré les dires, au gré des mâles. Est-ce si mal d’aimer l’amour à vouloir le multiplier ?
Car quand les cons tenus somment leurs mœurs, l’insolente s’en fout, consomme et sème des feux de cœur contagieux. Plus ils l’enchainent, mieux elle se déchaine.
Par rite, elle offre ses feuilles d’armure à qui le mérite, ouvre son temple à temps plein aux intenses conquérants. Pas à moins. Abigail n’est pas facile, juste fébrile.
Abigail pense à tort que son cœur est malade, qu’il a une fièvre-tornade qui tord le ventre.
Un coup de cœur et elle vibre sans raison, résonne tout son être et donne. S’attache sans se retenir, tient à ne rien attendre.
Abigail, elle trouve ça parfois fatiguant. Et au fond de sa tanière se ressource de solitude. Expulse des couleurs sur les murs de sa grotte. Vide le trop-plein d’envies. Serait-ce de ça dont il s'agit?
Ses diableries seraient-elles de subtils symptômes au divin jeu de vie ?
Devine…